Combattu souvent, battu parfois, abattu jamais [2/3]
- croixbleue57
- 10 nov.
- 6 min de lecture
Devise de François Athanase Charrette de la Contrie surnommé le Roi de la Vendée
Insoumis vendéen (1763-1796)
« Combattu souvent, battu parfois, abattu jamais ».
2e partie : BATTU PARFOIS par l’échec, la rechute.
On parle de rechute lorsqu’une personne ayant un problème de dépendance consomme à nouveau de l’alcool après une période d’abstinence. Par « dérapage », ou « faux pas », on désigne le fait qu’une personne consomme une ou plusieurs fois, mais en faible quantité, puis s’abstient à nouveau complètement de boire. Un dérapage n’est pas banal, car toute re- consommation même minime peut déboucher sur une rechute conséquente.
Est-ce une catastrophe ? Tant les personnes directement touchées que leur entourage vivent souvent les rechutes comme un échec. Des pensées telles que « ça ne marchera jamais » leur viennent à l’esprit. Beaucoup de personnes faisant l’expérience de la rechute ont de profonds sentiments de culpabilité et de honte. Les proches se sentent trahis, deviennent irritables, accusent la personne touchée et ne savent plus quoi faire. Quand quelqu’un arrête de boire, il y a beaucoup d’espoir chez les proches, espérant que le changement sera rapide et durable. Lorsqu’il y a reprise de la consommation, les malades risquent de se replier honteusement sur eux-mêmes et n’osent demander de l’aide, la rechute étant considérée comme une défaillance. Parfois cela entraine à une augmentation de la consommation pour se soulager des sentiments négatifs qui habite le malade. Les proches se sentent découragés et risquent de revenir à leurs anciens comportements de codépendance.
Les accusations, reproches formulés au malade « à cause de toi, je me sens de nouveau mal » amènent le malade à douter encore plus de lui-même. Une rechute déclenche des sentiments et émotions douloureuses que les proches auraient souhaité en être épargnés.
La rechute, une chance ? Les rechutes font partie du chemin vers la guérison. La plupart de ceux qui se libèrent d’une dépendance vivent des rechutes plus ou moins graves parfois à plusieurs reprises. La dépendance à l’alcool se développe sur une certaine durée, a parfois une longue histoire, ce qui signifie que le problème ne puisse pas être résolu rapidement. Il faut se laisser du temps. La rechute est une crise et une chance, car il faut avant tout chercher à comprendre pourquoi il y a eu rechute afin de s’aguerrir pour le futur. Cela ne veut pas dire que l’on doit vivre des rechutes, cependant, une rechute peut signaler que l’on est encore en apprentissage dans ce chemin qui mène à l’arrêt de la consommation. Le risque diminue avec le temps. La période qui suit le sevrage est délicate, car pendant longtemps la vie s’est organisée autour de l’alcool. Après le sevrage, le malade est encore fragile et n’a pas encore trouvé un véritable équilibre.
Il lui faut du temps pour regagner de l’assurance. Le risque de rechute tient aussi au fait que de nombreux problèmes ne sont pas encore surmontés et que la force pour les gérer manque encore. Les soucis de la vie quotidienne restent parfois très importants (professionnels, financiers…) sans compter les tensions au sein de la famille. Avec le temps, l’envie de consommer diminue au profit des bénéfices obtenus par l’arrêt de l’alcool.
Que faire en cas de rechute ? Il faut prendre la situation au sérieux sans se laisser décourager, ne pas rester seul en se repliant sur soi. Médecins, services spécialisés en alcoologie, groupes d’entraide peuvent apporter de l’aide et sont une bonne réponse pour faire face à la rechute. Il est important de comprendre pourquoi une rechute s’est produite afin de définir clairement comment affronter si une situation semblable se renouvelle sans avoir recours à l’alcool. Lorsqu’une rechute survient, il est nécessaire de réfléchir aux buts que l’on s’est fixés ou d’envisager d’autres méthodes pour réussir à s’abstenir d’alcool.
Proches : dans le cas d’une rechute, colère et déception sont des sentiments compréhensibles. L’entourage doit essayer de parler avec la personne concernée sans l’accuser ni lui imposer quoi que ce soit, ce qui n’est pas évident, car la personne en rechute est souvent dans une attitude de déni vis-à-vis de la situation. Il est important de rappeler à la personne concernée que la manière de gérer sa rechute relève de sa propre responsabilité. Il n’en reste pas moins que les proches veillent à eux-mêmes et à leur bien-être. Les proches ne doivent pas s’empêtrer à nouveau dans les anciens comportements co-dépendants. Se rapprocher auprès de personnes de confiance peut apporter un soulagement.
Comment prévenir la rechute ? Connaitre les situations à risque de rechute est un outil précieux pour pouvoir y faire face. Ne pas rester seul, mais s’entourer de personnes sensibilisées au problème, prendre soin de soi en ayant une bonne hygiène de vie (dormir suffisamment, alimentation équilibrée, moments de repos dans la journée, s’hydrater suffisamment…), prendre soin de son bien-être physique, mais aussi psychologique. Mettre en place de nouvelles habitudes en oubliant celles à risque, réorganiser sa vie quotidienne en développant de nouveaux loisirs. Donner une réponse à d’anciens problèmes : il est nécessaire de comprendre ce qui a conduit à la maladie, beaucoup commencent à boire de l’alcool de manière problématique, car elles étaient angoissées ou dépressives, se donner les moyens de résoudre ou diminuer ses fragilités avec l’aide de spécialistes. Gérer les éventuels problèmes financiers, administratifs, tensions au sein de la famille, difficultés sur le lieu de travail avec l’aide de tiers peut contribuer à la prévention des rechutes. Apprendre à ressentir et à gérer ses émotions (peur, colère, tristesse), car l’alcool donne l’illusion d’un soulagement rapide. Ne pas surestimer ses propres forces en s’exposant intentionnellement à des situations à risque (lieu de consommation habituel) pour prouver à soi et aux autres qu’on maitrise la situation. Resté en alerte même si le risque de rechute diminue avec le temps, il reste présent pendant des années. Préparer un plan au cas où en s’adressant par exemple à des amis pour parler, faire du sport, pratiquer une activité, rejoindre un groupe d’entraide ou un spécialiste pour bénéficier d’un soutien quand le désir de consommer se fait ressentir.
Voir les avantages d’un arrêt d’alcool : il ne faut pas voir que des difficultés sur le chemin menant à l’abstinence. Sans alcool, on découvre un nouveau point de vue sur les autres et l’environnement. La santé s’améliore. Le travail personnel sur soi-même, les nouvelles expériences rendent possible beaucoup de changements et ont des effets bénéfiques sur le bien-être.
Et si l’échec était la clé de la réussite ? L’échec peut faire peur, pourtant le rappelait Winston Churchill, « la recette du succès, ne serait-ce pas finalement d’aller d’échec en échec sans jamais rien perdre de son enthousiasme » ? En fait, nous avons peur de l’échec, car nous oublions que celui-ci n’est pas définitif. L’échec est de loin une fin en soi, mais pour avancer, il faut accepter la possibilité d’échouer. Sans échec, il serait difficile d’apprécier le succès et de nous épanouir.
L’échec permet d’apprendre à surmonter les difficultés : il permet le rebond. Il est donc inutile d’en avoir honte. N’oublions pas que la route menant au succès est parfois semée d’embuches, et qu’il faut les surmonter pour atteindre ses objectifs. Lors de la traversée, il est possible de trébucher et de connaitre l’échec. Après chaque échec, il est possible de rebondir et de transformer les difficultés du passé en atouts du présent.
Comme le disait Marcel Proust, « il n’y a pas de réussite ni d’échec définitif ». L’échec est même initiateur de changement et donc de progrès. C’est en se mettant en action que nous pouvons connaitre l’échec, même si elle se révèle infructueuse, on acquiert de l’expérience, après tout, « c’est en forgeant qu’on devient forgeron ». De nos erreurs, on évolue en identifiant les points à améliorer afin de ne pas reproduire en boucle les mêmes erreurs. Ainsi, il est même possible d’anticiper les futurs obstacles, ce qui permet de se préparer au mieux pour les affronter.
La réussite est l’accumulation d’échecs, de faux départs, et la volonté de continuer malgré tout. Associé à la persévérance, l’échec permet de marquer une pause afin de réfléchir à ce qui nous a justement mis en échec et de faire le point sur le chemin parcouru.
Conclusion : connaitre l’échec pour apprécier le succès
Il est probable que quelqu’un qui n’a jamais connu l’échec ait du mal à apprécier le succès. Une personne pour qui réussir est devenu normal éprouve probablement des difficultés à se réjouir lors d’un nouveau succès. Peut-être même a-t-elle perdu en humilité, car elle a remarqué que tout le monde n’avait pas la même chance qu’elle. Mais cela ne dure qu’un temps, et l’échec est d’autant plus difficile à supporter pour une personne qui n’a encore jamais eu à l’affronter.
Une chute nous permet d’apprendre de nos erreurs et de comprendre nos pairs. Ainsi, en plus de nous faire grandir, l’échec nous rend également plus humbles. Il nous permet de comprendre que rater quelque chose ne fait pas pour autant de nous un raté. C’est vrai pour nous, mais aussi pour les autres.
Enfin, échouer nous permet d’apprendre à apprécier la réussite et à être reconnaissants de ce que nous avons. Lorsque la clé du succès se présente à nous après cela, nous pouvons d’autant plus la savourer.

![Combattu souvent, battu parfois, abattu jamais [3/3]](https://static.wixstatic.com/media/11062b_3acc413de3044ad3bef273e7fc2b0661~mv2.jpg/v1/fill/w_980,h_653,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/11062b_3acc413de3044ad3bef273e7fc2b0661~mv2.jpg)
