Procréation et alcool = danger
- croixbleue57
- 8 déc.
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Pourquoi les femmes et les hommes ne sont pas égaux face à l'alcool ?

L’égalité entre les femmes et les hommes ne se joue pas seulement dans les milieux sociaux. Mercredi 26 février, la Haute Autorité de Santé (HAS) a mis en garde contre les effets de l’alcool sur la santé, qui sont plus sévères chez les femmes que chez les hommes.
Les complications sont plus graves, plus rapides et parfois spécifiques. Des effets encore trop peu étudiés et qui, sur le plan médical, ne sont pas suffisamment pris en charge, alerte la Haute Autorité de Santé dans son communiqué (source 1).
Quels sont les risques spécifiques pour les femmes ?
Les habitudes de consommation d’alcool chez les femmes évoluent et se rapprochent de celles des hommes, notamment avec l’augmentation de l’alcoolisation massive et rapide (appelée binge drinking en anglais).
En plus d’être une cause évitable de décès, la consommation d’alcool entraîne des dommages pouvant avoir un impact lourd sur la santé et la qualité de vie. Bien que les femmes soient exposées aux mêmes risques que les hommes, lorsqu’elles consomment la même quantité d’alcool, les complications peuvent être plus graves et entraîner des pathologies spécifiques, comme le cancer du sein.
La consommation d’alcool chez les femmes devient de plus en plus fréquente, un phénomène que la Haute Autorité de Santé attribue notamment aux traumatismes plus fréquents qu’elles subissent, comme les agressions sexuelles. En raison de son impact hormonal, sur la vie génitale, la santé sexuelle, l’intimité, la procréation, la périnatalité et son effet cancérigène, la HAS affirme que la consommation d’alcool est un enjeu de santé global pour les femmes, dès leur plus jeune âge et tout au long de leur vie.
Dans des documents d’information à destination des professionnels de santé, la HAS souligne que l’anxiété, la dépression et les traumatismes, notamment sexuels et infantiles, favorisent une consommation d’alcool plus fréquente chez les femmes (source 2).
Mieux sensibiliser le corps médical
La sensibilisation concerne aussi les professionnels de santé qui, selon la HAS, doivent mieux accompagner les femmes face aux risques liés à la consommation d’alcool.
Le communiqué souligne que cette vulnérabilité accrue des femmes résulte de facteurs à la fois physiologiques et sociétaux. En effet, les représentations liées au genre renforcent le jugement moral et la stigmatisation en cas de consommation problématique. Elles sont également à l’origine d’inégalités dans l’accès aux soins, la HAS soulignant que la parole des femmes est souvent moins prise en compte, ce qui peut mener à une sous-évaluation médicale et à un défaut d’accompagnement.
Face à cette évolution, la HAS appelle les professionnels de santé à renforcer l’information et l’accompagnement des femmes tout au long de leur vie.
Tout comme le tabagisme ou l’activité physique, la consommation d’alcool doit être abordée régulièrement en consultation, sans jugement moral, tout en tenant compte des choix de vie, de l’intimité et de l’environnement de chaque femme.
Continuer à informer les hommes sur les risques liés à l’alcool
La HAS alerte également sur la consommation d’alcool chez les hommes lors de la conception d’un enfant. En effet, la question de l’alcool et de la périnatalité ne concerne pas uniquement les femmes. Dès la phase de préconception et jusqu’à l’éducation de l’enfant, la consommation d’alcool peut avoir des conséquences. Pour rappel, les troubles du spectre de l’alcoolisation fœtale (TSAF) ne sont pas seulement causés par la consommation maternelle d’alcool : ils peuvent aussi résulter d’une exposition indirecte via la toxicité de l’alcool transmise par les spermatozoïdes.
Face à ces risques, l’arrêt de l’alcool est recommandé dès le désir d’enfant (ou l’arrêt de la contraception) jusqu’à l’allaitement pour la femme, et jusqu’au diagnostic de grossesse pour l’homme.
Enfin, la Haute Autorité de Santé rappelle que la sensibilisation aux risques liés à l’alcool devrait commencer dès le plus jeune âge, notamment au collège et au lycée.
Sources
Crédit Photo © Adobe stock/Pixel-Shot
Publié le 27 févr. 2025 par Camille Beauvisage – santé magazine.



