Nier ce qui paraît évident peut – aux yeux des autres - paraître provocateur.
« j’ai bu, ça se voit – on m’interroge sur mon état et je réponds que je n’ai pas bu, pas plus que les autres et que si on me croit saoul c’est parce que je suis fatigué. »
Qui d’entre nous n’a pas été un jour confronté à l’obligation de s’inventer quelque chose pour échapper à la réalité, quelle qu’en soit la raison. Ça ne cible pas que l’alcool.
Français, donc occidentaux, nous vivons une forme majeure de déni envers la mort qui est cachée, niée, insupportable à affronter.
Dans d’autres parties de la planète, la mort est totalement intégrée à la culture.
Comme par exemple : Les Malgaches qui ont une coutume, une fois par an, ils sortent leurs morts de leur tombeau, renouvellent le linceul et les promènent. Ce rituel est agrémenté de chants et de danses.
Alors le déni c’est quoi ?
C’est le refus d’accepter, de prendre conscience de ce qui est visible par tous, sauf par soi-même car ça nous est insupportable. C’est simple on ne supporte pas qu’il nous soit dit ce qu’on est réellement à un moment précis : « tu as bu et ça se voit ! »
Pour celle ou celui qui vit dans le déni, il y a une réalité vécue comme traumatisante, choquante, blessante, injuste. Ça fait mal.
Cela n’a rien à voir avec le mensonge volontaire, conscient, mais représente plutôt un mécanisme de défense.
On peut dire que le déni est dressé, élevé, comme art de vivre dans de nombreux foyers notamment ceux confrontés à l’alcoolisme, à l’endettement, à la violence et d’autres pathologies.
Nous le savons bien parce que nous en avons fait l’expérience que l’on soit ancien malade, alcoolique ou solidaire. La réalité est si pénible qu’il nous a fallu du temps pour l’accepter.
Entre-temps, le déni a permis de donner le change, de mettre le doute dans les esprits.
Comme par exemple : une femme qui explique à un parent. « Mon mari va mieux, il a encore quelques pertes d’équilibre, c’est son problème d’oreille. »
Un autre exemple : Une personne malade alcoolique qui rétorque. « Je peux m’arrêter quand je veux » ou encore d’autres qui affirmant leur abstinence ne se mentent qu’à eux-mêmes.
Le déni peut également transformer les souvenirs d’enfance, les enjoliver.
Par ex : « mon père n’était pas un alcoolique, il n’était jamais vraiment ivre. »
Les mécanismes agissant comme des réflexes permettent au déni de camoufler la vérité, en inversant les causes et les effets. « Je bois parce que je n’ai pas de boulot. »
En accusant les autres pour justifier son inaction face à un problème dont on est vraiment responsable.
En se convainquant qu’il est inutile de changer. Ne rien faire plutôt que de risquer de rater.
En se dispersant dans toutes sortes d’activités en multipliant les sources de stress et d’inconfort.
Le dépendant est habitué à vivre dans une totale illusion et il est difficile, long et douloureux pour lui d’admettre son état.
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